Galapiat Cirque

Deuxième semaine de mon itinérance à vélo et en train, qui ce passe cette fois-ci du côté de la Bretagne avec un périple de 400 km entre Redon et Pont Croix, pour aller à la rencontre de Galapiat Cirque et parler gouvernance.

Au programme de cet article :

Vendredi 10 juin, je quittais les 20 étudiants de l’école de tourisme Excelia, après une semaine dense et intense. Ce matin là, en prenant le train pour Redon, je m’élançai sur mon itinérance, celle qui allait me permettre d’allerrencontrer des organisations qui expérimentent de nouvelles manières de faire et de penser le sport et la culture.

Ma première rencontre aura lieu en Bretagne, terre que je connais un peu pour avoir vécu une petite année entre Lorient et Port la Forêt. Région que j’ai également découverte lors de ma première itinérance en 2020où j’étais allée à la rencontre de plusieurs organisations : Le collectif des FestivalsCyclologisticFestival Photo de la GacillyQuartier d’étéRegards de Mômes et  Les Tombées de la Nuit.

Cette fois, direction Pont Croix dans le sud du Finistère, pour m’y rendre j’ai décidé de prendre le fameux canal de Nantes à Brest et de bifurquer à mi-chemin pour aller vers ce village situé non loin de la Pointe Finistère.
Au-delà de la beauté des paysages, ce qui m’amène à aller aux confins du Finistère, c’est la rencontre avec François Alaitru, chargé de développement des projets en Bretagne pour Galapiat Cirque. Il s’avère qu’il prépare avec le Fourneau (Centre National Arts de la rue et de l’espace public, basé à Brest) une épopée à vélo qui passera par Pont Croix en septembre prochain. Mais si je veux rencontrer François, c’est avant tout pour parler Gouvernance car Galapiat Cirque a une spécificité qui m’intéresse beaucoup…

Carnet d’itinérance #3

Vendredi 10 juin

Quand je quitte The Hostel People à Tours pour prendre mon train, j’ai un pincement au coeur à l’idée de quitter les étudiants. On a vécu des choses tellement fortes pendant 3 jours, difficile de laisser ça de côté.

Mais ce matin, une autre aventure commence celle d’EVVI Inspiration, après plusieurs mois de préparation, il est enfin l’heure d’aller à la rencontre des 8 organisations.

La première rencontre se fera avec Galapiat Cirque à Pont Croix une petite bourgade à quelques encablures de la Pointe du Raz.

Pour rallier ce village aux confins du Finistère, j’ai décidé de partir de Redon et de suivre pour quelques jours le Canal de Nantes à Brest. Cette semaine je ne serai pas seule, puisque Maï-Lys Regad, une amie rencontrée au Clus’ter Jura va m’accompagner pendant cette épopée Bretonne.

Malgré le retard du train, nous nous retrouvons à Nantes ou devrais-je dire Neonad pour continuer notre voyage ensemble jusqu’à Redon.

Il est 14h quand on donne nos premiers coups de pédales le long du canal de Nantes à Brest. Aujourd’hui petite journée, une quarantaine de kilomètres nous sépare de Malestroit, la première escale de cette itinérance. Je suis heureuse de pouvoir attaquer par la Bretagne et d’emprunter un itinéraire mythique quand on parle de voyage à vélo. C’est plaisant de rouler au calme le long du canal, c’est également reposant ce qui me va bien après 3 jours qui m’ont demandé beaucoup d’énergie.

Cette deuxième phase de l’itinérance m’est plus familière, je retrouve vite mes habitudes à la fin de cette première journée.

Les automatismes reviennent : poser le vélo, mettre les sandales, déplier la tente et l’installer, gonfler le matelas, déplier le sac de couchage, sortir la lampe frontale, rangér les sacoches, préparer les affaires pour la douche, étendre le fil à linges, sortir les pinces à linges et filer à la douche pour enlever la sueur et la poussière accumulées durant la journée.

Ces petits rituels, je les ai acquis au fur et à mesure de mes périples à vélo en solo ou à deux. Ils me permettent d’avoir ma routine même en étant loin de chez moi et de ce qui m’est précieux. C’est également le moyen de couper de la journée qui vient de s’écouler. 

Cette étape à Malestroit est l’occasion de faire le stock pour les prochains repas, de découvrir ce très joli village et de déguster ma première crêpe bretonne, rien de tel pour faire corps avec le territoire.

Samedi 11 juin

Après une première nuit sous la tente et sans pluie, il est l’heure de plier bagage pour reprendre la route. Le matin, c’est toujours le même enchaînement : se changer, ranger son duvet, plier le matelas, prendre le petit déjeuner, faire sa toilette, ranger ses sacoches, atteler mon fidèle destrier, replier la tente la ranger dans sa housse, harnacher les sacoches, positionner les tendeurs, remplir la gourde et récupérer le téléphone qui est à charger soit dans les toilettes soit près de la borne électrique. 

Et on reprend la route, inlassablement, coups de pédales après coups de pédales, on avance sur le chemin de halage au rythme de l’énergie que notre corps peut produire.

J’adore rouler le matin, tôt si possible quand le soleil se lève à peine et que les couleurs roses du soleil laissent place à l’orange puis au jaune. J’aime le petit air frais qui revigore et rafraichit le corps déjà à plein régime.

Rouler à deux, c’est alterner entre des moments ensemble à discuter et des passages solitaires pour tirer le fil de ces idées ou juste être là sur son vélo à contempler le paysage.

Le long de ce canal, on est loin des routes et de l’agitation, on y croise des oiseaux, des écureuils, des piétons, des touristes en bateaux, des éclusiers, des pêcheurs, des coureurs, des cyclistes et des voyageurs à vélo.

A l’arrière de mon vélo, j’ai accroché une petite pancarte « EVVI Inspiration » un moyen de susciter la curiosité des personnes qui me suivent et de faire connaître mon itinérance.

Photo de Maï-Lys Regad

Les kilomètres défilent, je suis toujours impressionnée par la vitesse de déplacement que je peux avoir, ce matin sans m’en rendre compte, on roule à quasiment 20 km/h, une belle moyenne qui nous permet d’atteindre Josselin, un magnifique village situé le long du canal.

On est samedi, ça tombe bien le marché s’est installé dans les rues du village, ce qui nous permet de compléter les achats d’hier et d’être tranquilles pour les prochains jours.

Le terrain est plat sauf pour monter les écluses ou les descendre, au total plus de 200 écluses constituent le canal de Nantes à Brest qui a été construit au 19ème siècle.

16h30, après quasiment 5 heures à pédaler, nous atteignons Pontivy, escale pour un soir au camping municipal.

Photo de Maï-Lys Regad

Dimanche 12 juin

Matin après matin, je reproduis les mêmes gestes dans des endroits différents, je me déplace avec mon habitat et tout ce qui m’est nécessaire tient dans deux sacoches. La liberté matérielle a été l’une de mes premières révélations quand je suis partie 3 mois à vélo en 2017. Quand on part à vélo, l’objectif n’est pas d’avoir plus bien au contraire, il faut avoir le moins de poids à trimbaler. On cherche donc à optimiser et à ne prendre que l’essentiel, à choisir les objets qui auront un rôle vital pendant l’itinérance. Vivre cette expérience pendant 3 mois a été pour moi le début d’un autre rapport à la possession matérielle, ça a nourri mon envie de vivre de façon plus minimaliste en m’amenant à me questionner sur l’utilité et l’importance de tel ou tel objet. Et j’ai fait le tri, beaucoup, souvent !

Depuis je tâche de garder ce réflexe au quotidien, même si ce n’est pas toujours facile dans une société qui nous invite à posséder toujours plus, que ce soit via les modes, la sécurité ou le confort. 

Mais aujourd’hui, je mesure la chance que j’ai de partir léger, cela me permet d’enchaîner les kilomètres et de pouvoir laisser mes bagages sur mon vélo quand je vais me balader, au pire on me vole mes chaussettes sales (je ne sais pas pour qui c’est un cadeau). 

Le chemin de halage se transforme en voie verte pour surplomber le lac de Guerledan et découvrir les paysages au loin. La route n’est plus toute aussi plate, les premières côtes se font sentir, mais je tiens le coup. Le paysage change également, on se retrouve dans la forêt un peu plus à l’écart encore des villages et des routes.

Une pause à l’écluse 150 permet de faire une petite sieste à la mi journée. Notre prochain point de chute n’est plus très loin, encore une trentaine de kilomètres et nous arriverons à Carrhaix.vC’est quelque part tout un symbole, puisque ce village au milieu de la Bretagne accueille les Veilles Charrues le plus grand festival français.

Je n’y suis jamais allée et je ne connais pas la manière dont est organisé ce festival XXL, mais il m’interpelle. Durant la rédaction de mon mémoire sur l’événementiel à l’heure de la transition écologique,  je me suis beaucoup interrogée sur le juste dimensionnement des événements que ce soit sur la jauge, les moyens mis en oeuvre ou le périmètre de rayonnement.

Loin d’avoir la réponse à ce questionnement, je continue d’y réfléchir et cette itinérance est l’occasion d’approfondir ma perception et ma compréhension des organisations de demain.

Après 80 km à vélo, il est temps de poser la tente dans un petit havre de paix en contrebas de Carrhaix, ce soir festin au réchaud !

Lundi 13 juin

Après 2 jours sur le canal, nous quittons le chemin de halage pour suivre les petites routes de campagne en plein centre du Finistère. On change de cap pour aller sur Douarnenez et retrouver la mer. La route s’apparente à des montagnes russes, enchaînant les montées et les descentes, ici pas de virage pour adoucir l’effort, on n’y va pas par 4 chemins, je ne sais pas s’il faut y voir un parallèle avec l’esprit breton, mais en tout cas ça ne fait pas de cadeau !

Loin de la mer et de ses couleurs caraïbes, je découvre un paysage agricole, bocagé et très cultivé. Peu de villages, beaucoup de fermes isolées et des champs que ce soit des céréales, du maïs, des pommes de terre ou des vaches. La Bretagne n’est pas l’un des premiers territoires agricoles de France pour rien. Moi qui connaissait le charme des criques du sud Finistère, je découvre la ruralité de cette fin de terre. 

Ici pas d’aménagement comme sur le canal, les petites routes se succèdent sans endroit pour pique-niquer, ce n’est pas grave une entrée de chemin à l’ombre fera l’affaire.

Aujourd’hui on va frôler les 1400m de dénivelés pour 75km, une bonne performance qui permet de tester ma condition physique et mentale. Le chemin va être long avant de retrouver mon chez moi, il ne s’agit donc pas d’un sprint mais plutôt d’un marathon. A la pause déjeuner, on a fait le plus dur, avec 75% du dénivelés passé et la moitié des kilomètres parcourus. Il me tarde de plonger dans l’océan, rien de tel qu’un passage dans une eau fraîche et salée pour récupérer.

Mais avant ça, on doit encore rouler une 1h45. Douarnenez, je ne connaissais pas et ce fût une belle surprise que de découvrir cette ville, son port, ses côtes et ses plages.

On profite d’un temps estival depuis le début du séjour, je ne sais pas si c’est une chance au vu des enjeux hydriques que notre pays va devoir affronter dans les prochains mois, mais je dois avouer que rouler avec le soleil et des températures douces est vraiment agréable.

Nous posons la tente au camping Huttopia de Douarnenez, il faut avouer que j’apprécie beaucoup le concept et la philosophie de cette chaîne de camping en France. Avec vue sur la mer, on installe le campement pour la nuit avec toujours les mêmes rituels.

Photo de Maï-Lys Regad

Mardi 14 juin

Ce soir, je rencontre François Alaitru de Galapiat Cirque à Pont Croix. Nous ne sommes qu’à 15 kilomètres de cette commune située près d’Audierne. 

Après une visio matinale (et oui je continue de travailler), c’est l’heure de reprendre la route. Les deux jours à venir vont faire office de mini vacances. Je profite de la présence de mon amie Maï-Lys pour aller visiter le coin toujours à vélo. Pont Croix étant proche de la Pointe du Raz, on décide de s’y rendre après avoir posé notre paquetage au camping du village. 27 km nous annonce la gérante du camping, ce qui fait 54 km au total pour aller rencontrer la terre de la fin, là ou les courants maritimes européens sont les plus forts. Les températures commencent à être de plus en plus fortes et le soleil cogne, un échantillon de ce que va être la fin de semaine. Un paysage qui me rappelle mon année Erasmus en Irlande et ses grandes landes avec une végétation rasante, balayée par les vents océaniques. 

Arrivées au bout de la pointe, l’infiniment grand, l’océan, cette étendue qui invite son esprit à vagabonder pour rêver et imaginer. Un moment de contemplation pour se rappeler au combien je ne suis que peu de choses face aux éléments naturels.

Le chemin du retour se fera par la partie intérieure de cette pointe finistérienne, poussées par le vent on rejoint sans trop de mal le camping et le petit village de Pont Croix.

Pour cette itinérance, j’ai décidé d’organiser des entretiens en amont de mon périple à vélo, un moyen pour en savoir plus sur l’organisation que je vais rencontrer et aussi une manière de pouvoir faire un travail d’exploratrice pour affiner ma compréhension de leurs modèles et modalités.

Malheureusement je n’ai pas pu le faire avec Galapiat, la reprise culturelle n’a pas permis de dégager des moments d’échanges, mais je sais que ce n’est que partie remise. 

Ce soir à la salle Louise Bolloré de Pont Croix, François (Galapiat) ainsi que Caroline et Sylvain (Le Fourneau) rencontrent les habitants du village pour la 4ème fois dans le cadre du projet Epopée en Roue Libre qui se déroulera à l’automne. Un périple d’un mois à vélo pour 20 circasciens et musiciens qui vont animer 3 festivals dans 3 villes différentes : Brest, Braspart et Pont Croix. Ils seront escortés par 15 membres de l’équipe d’organisation. Ce projet qui devait voir le jour en 2020, va enfin sortir de la tête de ses créateurs pour devenir réel. L’intention est en parallèle du déplacement à vélo et des représentations, de co-construire l’événement et tout ce qui va l’entourer avec les habitants des territoires traversés. Une expérimentation stimulante et challengeante que va devoir relever la troupe et tout ça sans voiture balai.

Ce soir l’enjeu de François, Caroline et Sylvain est de créer du lien, de favoriser l’émergence d’actions citoyennes tout en étant conscients que ce projet hors norme a besoin de temps pour se faire adopter par le territoire.

Participer à cette réunion m’amène à comprendre l’ampleur de la démarche, son potentiel et ses limites. En fin de soirée, je dis au revoir à François en se donnant rendez-vous en août quand les choses seront plus calmes pour lui.

Mercredi 15 juin

Aujourd’hui, c’est une journée de vacances, dans le sens où le seul impératif est de dormir à Quimper ce soir. Les chaleurs à venir, m’amènent à quelque peu modifier mon planning pour éviter de rouler vendredi après-midi.

Nous avons donc la journée pour explorer ce coin reculé de France. Je découvre avec émerveillement la baie d’Audierne, ses plages de sable blanc et ses eaux turquoises, un petit coin de Caraïbes. Malgré la température de l’eau peu élevée, je profite de cette matinée pour m’offrir un dernier bain océanique, pas certaine d’avoir le temps d’y revenir avant un petit moment.

Le réseau de pistes cyclables est vraiment bien développé ce qui permet d’éviter les routes passantes, on zig zag sur les petites routes qui surplombent la mer, chaque virage offre un paysage époustouflant.  J’aime ces routes tordues qui permettent d’avoir une vue panoramique sur l’océan, ça me rappelle le Cap Corse et ses falaises qui tombent à pic dans la mer. Un sentiment de liberté m’habite comme si le temps s’était arrêté et que je n’avais plus de contraintes et d’obligations.

Petit à petit, nous quittons la côte pour retourner dans les terres d’abord à Pont L’abbé puis à Quimper, étape finale de ce périple breton. Je re-découvre avec joie ce coin de Bretagne que j’ai brièvement arboré il y a quelques années de cela.

Une dernière soirée en ville pour déguster une dernière crêpe bretonne… Demain matin départ à l’aube pour retourner sur Nantes et attaquer la descente de l’Atlantique dans les prochains jours….

Affaire à suivre …

Pourquoi parler de gouvernance ?

Durant cette itinérance comme vous l’aurez sûrement compris, je suis à la recherche d’expérimentations hors cadres, celles qui permettent de venir se poser des questions de fonds, qui viennent ré-interroger les modèles établis depuis plusieurs décennies (voir plus).

C’est pour cette raison que j’ai souhaité parler de gouvernance. Il s’agit pour moi d’une thématique centrale pour répondre aux enjeux de demain. Les réponses que nous devons développer face aux enjeux écologiques et sociaux, ne peuvent pas se résumer à des innovations technologiques et des outils de mesure. Le changement de paradigme doit aussi passer par le changement structurel de nos organisations.

Ce qui vient à venir interroger plusieurs éléments du modèle actuel, pour se demander ce qui pourrait devenir compatible avec la situation écologique et sociale :

  • La répartition du pouvoir peut-elle rester sur un système pyramidal et descendant ? 
  • Les modalités de décisions, sont-elles démocratiques ?
  • Quelles places laisse-t-on aux membres d’une organisation pour contribuer au changement de paradigme ?
  • Les conditions de travail actuelles, peuvent-elles perdurer face à la recrudescence des burn-out et autres surmenages ?
  • Le système d’objectif quantitatif est-il encore pertinent face aux enjeux écologiques ?
  • Les raisons d’être actuel des organisations permettront-elles de changer de paradigme à court/moyen terme ?
  • La compétition, l’attractivité et la compétitivité resteront-elles les moteurs de demain ?

Je ne suis pas voyante ou diseuse de bonne aventure, mais ce que je sais c’est que ces interrogations devraient être une priorité des organisations pour faire face aux enjeux de demain et notamment aux risques écologiques et sociaux à venir.

L’idée n’est pas de dresser un tableau noir, mais plutôt d’être réaliste et pragmatique face aux situations que nous auront peut-être à gérer demain. Quelques exemples possibles :

  • Si un territoire entre en pénurie d’eau, les habitants qui subiront des restrictions accepteront-ils que cette denrée rare soit mise à disposition des festivaliers venus de toute la France, alors qu’eux sont obligés de limiter leurs consommations ? 
  • Si une réduction de la production énergétique française venait à arriver, privilégierions-nous l’éclairage d’une salle de sports ou les rues d’une commune ?
  • Si une canicule venait à durer plusieurs jours pendant un événement sportif ou culturel, les autorités accepteraient-elles de faire prendre le risque à des milliers de visiteurs ?
  • Si les denrées alimentaires courantes devenaient plus rares, est ce qu’on préférerait alimenter les cantines scolaires ou les salons professionnels ?

Vous allez me dire quels liens avec la gouvernance ? Et vous avez raison de poser cette question.

Dans une organisation (entreprise, association, collectif, collectivité, administration publique) l’enjeu de demain sera pour moi, d’être capable de réfléchir collectivement aux adaptations et évolutions profondes à venir, tant sur la structuration que sur les fondements (vision, valeurs, modèles économiques, domaines d’activités). Il s’agit de permettre à tous les membres d’une organisation d’être acteur.trice du changement, c’est à dire de pouvoir s’exprimer, proposer des actions et expérimenter à son échelle.

Le modèle de gouvernance va donc permettre ou non de laisser la place aux gens pour qu’ils agissent. Cette réflexion vient ainsi interroger la répartition du pouvoir (qui peut proposer des choses ?), des prises de décisions (qui décide qu’on peut essayer ?) et du partage d’informations (qui peut avoir accès aux informations ? Via quelles modalités ?).

Il s’agit donc de structurer des gouvernances qui permettent des espaces de dialogues, d’échanges et d’expérimentations sans que cela n’est d’impacts négatifs dans l’organisation. 

Voilà pourquoi il me semble essentiel d’aller voir des organisations qui expérimentent des modalités de gouvernance qui sortent des sentiers battus. On ne va pas se le cacher, c’est une démarche difficile qui prend du temps, mais qui bien menée, peut porter ses fruits. Le chemin n’est jamais tout rose et il s’agit d’être agile face aux situations que l’organisation traverse.

C’est pour cela que j’ai décidé d’aller rencontrer Galapiat. 

Pourquoi rencontrer Galapiat Cirque ?

Galapiat est une compagnie de cirque née en 2006 avec comme projet commun la volonté d’aller en Amérique du Sud avec un spectacle pour voyager, transmettre, apprendre et partager.

En parallèle de ce projet, la compagnie se développe petit à petit et s’ancre dans les Côtes d’Armor.

En 2015, après plusieurs années de réflexions, l’association décide de changer de statut juridique pour devenir une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), ce qu’on considère comme une entreprise aux mains de ses associés (les coopérateurs). 

La compagnie fait ce choix « pour mettre en adéquation le fonctionnement collectif de la structure avec son statut juridique ; pour arrêter de faire porter la responsabilité à des bénévoles et transmettre la responsabilité légale aux salariés  et assumer le statut d’entreprise culturelle ». (Source : http://galapiat-cirque.fr/c1-Galapiat-Cirque/p1-Petite-histoire.html)

Pourquoi je suis allée les voir ?

Lors de mon passage au Clus’ter Jura en 2019, j’ai découvert le monde des coopératives ce qui m’a amenée à m’intéresser aux manières dont les personnes se structurent pour faire vivre une entreprise, une association ou un collectif.

Au fur et à mesure de mes expériences professionnelles et personnelles, la gouvernance est vite apparue comme le mot utilisé pour déterminer les principes qu’un collectif de personnes définit pour pouvoir faire et être ensemble. 

Pour compléter la compréhension de ce champ vaste et passionnant, j’ai lu des ouvrages pour en savoir plus sur certaines méthodes/approches de gouvernance, telles que : la sociocratie, l’holacratie, la permaentreprise, les modes libérés, agiles, opales, etc. 

Durant cette itinérance, j’avais envie d’aller à la rencontre d’organisations qui expérimentent ces nouvelles modalités pour comprendre comment cela fonctionne, ce que ça apporte et les difficultés que cela génèrent. Bref, mieux comprendre les rouages en allant sur le terrain pour sortir de la théorie et des concepts.

En attendant d’écouter le podcast avec François, je vous propose d’aller jeter un oeil sur le document qui présente la gouvernance de Galapiat : https://www.opale.asso.fr/IMG/pdf/2016_opale_guidecc_galapiat-2p.pdf