Association FRAP – La Macérienne

Jeudi 7 juillet / Charleville-Mezières

Aujourd’hui, je fais escale à Charleville Mézières dans les Ardennes, il s’agit de la dernière étape de cette itinérance. J’aurais dû en avoir une autre mais la fatigue est trop présente pour me permettre de continuer dans des conditions confortables.
Cette fois, je n’arrive pas à vélo sur le territoire, j’ai pris l’option de prendre le train, je n’aurai donc pas le plaisir d’avoir cette phase de curiosité quand j’approche de mon but. Je regrette de ne pas avoir inclus une petite partie en vélo, ne connaissant pas le secteur, ça m’aurait permis de mieux l’appréhender, de comprendre sa morphologie, de me mettre au parfum de ce département qui n’a pas pignon sur rue.
La dernière fois que je suis venue dans cette région de France, c’était en 2019 à l’occasion du Cabaret Vert un événement qui accueille 100 000 personnes sur 4 jours (5 jours pour l’édition 2022). Ce qui m’avait interpellée en découvrant ce festival, c’était son maillage territorial et sa capacité à faire réseau sur le territoire. Avec 500 entreprises partenaires, il était presque plus puissant que la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) des Ardennes. Lors de ce passage, j’ai à cœur de mieux comprendre les fondements de cette organisation qui fait office de pionnier sur les sujets environnementaux.

Je suis venue à Charleville, non pour le festival, mais plus pour l’autre projet d’envergure que co-porte le cabaret vert, il s’agit du lieu permanent de la Macérienne. Avant de rencontrer des membres de l’association FRAP qui porte ce projet, une halte s’impose au camping du Mont Olympe en bord de Meuse.
En traversant la ville, je découvre les préparatifs mis en place pour accueillir le passage du Tour de France et sa caravane. Je ne suis pas la seule à faire le tour de France à vélo, il y a aussi 150 coureurs et leurs cortèges (pour en soir plus cliquez ici). Cet événement qui m’a tant fait rêver et pour lequel j’ai même essayé de travailler, ne revêt plus le même intérêt pour moi maintenant. Cet événement populaire pourrait faire évoluer sa raison d’être pour être en accord avec les enjeux de son temps et ainsi rentrer dans une nouvelle ère, mais saura-t-il passer le cap et accepter des renoncements ?
Après un break salvateur au rythme du passage de la caravane, je retrouve Margaux et Alexandre, membres du comité d’administration de la FRAP, l’association qui porte le projet de la Macérienne. Il s’agit de la réhabilitation d’une friche industrielle, pour créer un lieu de convivialité sous tous les angles. Cet espace XXL se situe sur le site du Cabaret Vert et accueille depuis plusieurs années les bureaux de l’organisation. L’ambition est de redonner à ce site industriel un second souffle en agrégeant un certain nombre d’activités qui répondent à des besoins du territoire et font sens avec les valeurs du cabaret vert.
Il est 18h quand je retrouve Margaux et Alexandre, échanger avec eux me permet de mieux comprendre l’organisation du projet et la dynamique en place. Leurs partages viennent renforcer les échanges que j’avais pus avoir avec Jean et Fabian en préparant cette étape. La Macérienne, c’est plus qu’un tiers-lieu, l’intention est de faire de ce site un totem des Ardennes pour renforcer la qualité de vie des habitants et donner envie aux touristes de faire étape à Charleville Mézières.

Cette première prise de contact avec le lieu me permet de prendre la mesure du projet qui est porté par la FRAP, association qui regroupe des membres de la FLAP (organisateurs du cabaret vert) et des amis de la Macérienne (association de sauvegarde de ce patrimoine architectural et industriel).

Ce soir en rentrant au camping, j’emprunte les rues du centre ville et je traverse à plusieurs reprises la Meuse. Je découvre une ville à l’architecture éclectique mais harmonieuse, nichée dans un écrin de verdure situé au pied des montagnes Ardennaises. Une expérience qui a de quoi changer l’image que j’avais de la région, surtout qu’à priori, quand on continue la Meuse à vélo on en prend plein les yeux.
Malheureusement je ne vais pas avoir le loisir de découvrir les joyaux de ce territoire frontalier avec la Belgique, mais ce n’est que partie remise.

Vendredi 8 juillet / Charleville-Mezières


Aujourd’hui, j’ai plusieurs chantiers en cours dont celui d’écrire le carnet d’itinérance #6. La fatigue et un rhume me pompent pas mal d’énergie depuis 2 jours, ce qui rend la tâche plus laborieuse que d’habitude. Ce midi je retrouve Fabian président de l’association FRAP et bénévole très impliqué au cabaret vert.
Impliqué dans le projet de la Macérienne depuis le début (c’est à dire 2016), il en est l’une des chevilles ouvrières. Avant de parler des contours du projet, il prend le temps de me rappeler l’historique du cabaret vert, pourquoi et comment l’association FRAP a vu le jour.
Ce rappel historique me permet de comprendre que la forme événementielle du cabaret vert n’est en soi qu’un prétexte pour faire vivre la raison d’être de ces bénévoles qui ont à cœur d’animer ce territoire ardennais auquel ils sont attachés. Comme Fabian me le dit, le cabaret vert n’est pas un festival organisé par des « cultureux », il s’est construit avec une forme musicale, mais celle-ci pourrait peut-être un jour évoluer vers autre chose, peu importe la forme ce qui compte c’est le fond.
C’est donc via l’intention de faire vivre le territoire Ardennais et de montrer qu’ici aussi il peut se passer des choses supers, que la Macérienne a commencé à voir le jour.

L’idée est arrivée en 2016 quand l’association s’est interrogée sur l’avenir, sur les envies des bénévoles. De nombreux retours portaient sur le souhait de pouvoir se retrouver à l’année pour partager les valeurs du cabaret vert, en se disant c’est bien 4 jours mais en faite on veut plus.

Durant l’interview Fabian me parle de la construction du projet pas à pas, de l’investissement de la collectivité et des partenaires du festival. Il m’explique également l’histoire de ce lieu et la manière dont ils ont envie de lier le passé, le présent et le futur dans ce lieu méconnu des Ardennais.
40 minutes dans le cadre chaleureux de la Verrière, le premier bâtiment qui a été aménagé pour faire vivre les débuts de cette nouvelle aventure.

Comme tous les vendredis, les bénévoles et salariés de l’association ont la possibilité de se retrouver en fin de journée pour partager un verre dans l’enceinte de la Verrière. L’occasion pour moi d’en savoir plus sur la vie de l’association et d’échanger avec certaines personnes présentes, une bien belle manière de clôturer cette étape ardennaise et mon périple à vélo.

Car oui demain, je vais rentrer chez moi. Initialement j’avais prévu une étape supplémentaire avec des kilomètres et du dénivelé, mais pour une fois je vais écouter la voix de la raison qui m’invite à prendre du repos et à faire un break.
Il me restera donc 2 initiatives à vous présenter à partir de la rentrée…

C’est ainsi que je termine ce périple de 5 semaines avec quasiment 1300 km à vélo et une dizaine d’heures de train. Une expérience toujours aussi riche qui m’aura permis d’apprendre, de confirmer et d’infirmer des intuitions. Je me suis également rendue compte de la force du collectif et de mon envie de m’inscrire dans cette dynamique, touchant de plus en plus les limites de l’entrepreneuriat individuel…